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Carnet des via ferrata |
J'ai dû faire un détour, car le chemin habituel est coupé par un grillage à cause des travaux "risques de chutes de pierres, passer par le ranch". A force de presser le pas, j'apprécie l'ombre des arbres. Ils ressemblent à des sapins, mais avec des aiguilles plus grandes... Avec tous ces détours, il est déjà 10h 30. Je n'ai pas pu me perdre, car il y avait des indications "via ferrata" à chaque tournant; depuis que j'ai retrouvé la pancarte via ferrata en bois vernis, je commence à le trouver un peu long, ce sentier en sous-bois. | |||
Deux belles pancartes: "via ferrata facile" à gauche, et "via ferrata difficile" à droite. Bon, pas |
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Le temps de s'équiper; une petite pause au frais et un peu d'eau me feront du bien. Assis dans l'herbe j'essaye de me souvenir des commentaires sur cette via trouvés sur le site des via ferrata françaises: beaucoup de contact rocher; difficile de ne pas s'aider du câble; technique... Et le panneau dans le parking: "vertigineux avec des passages surplombants le long d'une cascade" bof... "Cet itinéraire, très soutenu dans la difficulté, est réservé aux personnes expérimentées"...c'est mon cas... et sur les pancartes, l'opposition "facile" "difficile", ce n'est pas une cotation; moi je suis un peu plus cartésien: F, PD, AD, D, TD, ED. On verra bien. | ||
11h 20, C'est parti. Pour commencer, une sente sécurisée avec un câble gainé; puis la verticalité... Des barreaux. Moi qui n'ai jamais pratiqué l'escalade, me voici rassuré, je suis bien dans mon élément, je progresse rapidement, un passage avec une belle prise de rocher, tout va bien, ils ont peut-être un peu exagéré leurs commentaires... Ah, ça se corse un peu... des prises sur le rocher, mais plus petites... encore plus petites, et dans les dévers... Oulaaa... doucement, pas le moment de déraper. |
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Ne confondons pas mes chaussures de montagne avec des chaussons d'escalade... Pas le moment de philosopher. Cette fois, ils m'ont bien eu... Le problème, n'est pas que ça tire sur les bras plus qu'ailleurs, non, c'est de maintenir son équilibre avec des prises de plus en plus petites... J'en arrive au stade où, à force de chercher les prises partout dans le rocher, je ne vois même plus les échelons peints en jaune et dans l'ombre! Plus question de progression à toute vitesse, il faut trouver sa voie. Tiens, mon portable qui sonne... restons concentré... Les broches du câble de sécurité sont distante de près de trois mètres, ce qui fait beaucoup pour des passages verticaux. Pas question non plus de s'assurer à un barreau pour négocier tranquillement un passage difficile. Il y a bien des anneaux pour s'assurer, mais ils sont placés en haut des difficultés; quand on y est, on n'en a plus besoin: çà pourrait servir à assurer ceux qui suivent... mais derrière moi, bien sûr, il n'y a personne. | |||
Oufff, des barreaux, quelle chance. Un surplomb? pas grave, l'occasion de se reposer un peu... Quel confort, ces barreaux... | |||
Tiens, une plate-forme; je vais pouvoir ouvrir mon sac et sortir ma bouteille d'eau! Un panneau indicateur: "échappatoire" avec une flèche vers la droite... On dirait que je suis arrivé en haut, et que le reste consiste seulement à faire quelques traversées... Allons à gauche, je ne suis pas venu ici pour m'échapper à la première occasion, en plus je n'ai pas encore touché le câble... |
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C'est curieux, mais de loin, on ne s'en rend pas compte, c'est seulement une fois sur place qu'on réalise. Des traversées en dévers avec presque rien pour se tenir. Je n'ai pas touché le câble, mais une fois, c'était tellement lisse... Comme il y avait des échelons au niveau des pieds, je me suis dit que je pouvais passer en bas, en tenant ces échelons à la main et avec les pieds dessous contre la paroi ou, au pire, dans le vide... en fait, j'étais collé à la paroi et il n'était pas question de se pencher pour voir... donc je suis descendu pour attraper ces échelons et j'ai pu avancer un peu. A ce moment, ça a tiré sur mes longes et je me suis trouvé suspendu au câble et dans l'impossibilité d'avancer, car le câble était gainé. Il fallait remonter. Sans se tirer aux longes. En cherchant des prises. Comme j'avais lu dans un bouquin sur l'escalade. Je pense que çà, ce n'est pas de la via ferrata, c'est déjà de l'escalade. Le bon rapport poids-puissance ne suffit pas, le mental non plus, il faut de l'imagination, car la technique d'escalade, je ne l'ai pas. | |||
Tiens, de la terre... Et une nouvelle flèche "échappatoire", montrant le haut de la falaise. Bon, alors c'est le moment de descendre... d'ailleurs on dirait bien qu'il y a la bas un coin sympa pour se reposer et boire un coup... Une sorte d'aiguille collée à la falaise, et sur laquelle il faut passer. Pas très rassurant, tout çà. Vite, filons, en profitant des échelons, pour une fois... | |||
Encore une traversée; cette fois ci, je suis "habitué", moi qui n'aimais pas les via ferrata avec "beaucoup de contact rocher", je suis servi. Pour finir, il faut bien que je cherche les prises à tâtons, car, cette fois-ci, elles sont tellement petites qu'on ne les voit pas; la main à plat trouve toute seule des aspérités auxquelles s'accrocher. Chacun des doigts trouve sa place. Il faut juste toucher et tirer pour voir si çà tient. | |||
Ah, on dirait que ça remonte... La fin? déjà? eh oui, après une heure vingt d'efforts... Pas touché le câble. Mais çà, c'était pas une via ferrata. Plutôt une initiation à l'escalade, pour celui qui, comme moi, n'en a jamais fait. Un parcours remarquable par la progression des difficultés, une démonstration magistrale, la preuve que celui qui s'accroche trouvera la voie. | |||
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Le tracé monte sur la gauche de la cascade puis part en longues traversées sur la gauche, dans le rocher lisse et un peu jaune. Les difficultés vont crescendo. En haut de la partie verticale, vous serez peut-être à bout de force, surtout si les difficultés croissantes ont déclenché un réflexe de crispation. Dans ce cas, l'échappatoire sera le bienvenu: les traversées qui suivent sont pires!
La falaise n'est pas du tout attirante. En arrivant, j'espérais même que la via ferrata soit tracée ailleurs. Ce genre d'hésitation est bien révélateur de l'ambiance particulière de ce tracé qui fait peur au lieu d'inspirer la confiance. |
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Prenons le temps d'examiner l'aspect sécurité de cette via ferrata pas comme les autres. Comme les prises naturelles ne valent pas nos prises habituelles de ferratiste, le risque de chute est plus présent qu'ailleurs. Dans les traversées, ce n'est pas trop grave, car le câble est presque à l'horizontale; par contre, dans la première partie, qui est bien verticale, il est certain qu'il faudrait être assuré avec une corde comme en escalade car les broches de fixation du câble sont distantes de près de 3 mètres, et la chute serait très rude car le rocher est plein d'arêtes vives. Gros problème car le ferratiste n'est pas formé aux techniques d'assurage d'escalade pourtant nécessaires dans cette ascension. Pour ceux qui sont familiarisés avec ces techniques, pas de soucis, car l'équipement de la via est prévu pour çà. | |||
Oui, une initiation, tout simplement. Faite pour celui qui fait vingt fois de suite le surplomb d'Ornans, pour celui qui réclame un surplomb à la place de l'échelle des Martinets, pour celui qui trouve trop facile la grotte à Carret, pour celui qui trouve trop court le surplomb de l'ermite, et qui redescend par l'échelle pour le refaire (chut... c'est moi). Mais pas pour celui qui court sur les via ferrata, car celui-là, il n'aura pas la patience nécessaire pour arriver au bout. Conclusion: pour moi, c'est ED |
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